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La clinique pompe à fric

Quand on entre dans la clinique Andalouss, à Casablanca, on se dit que c’est beau, c’est propre, et ça rassure. En effet jusqu’à preuve du contraire, les soins prodigués ont été professionnels et efficaces. En atteste ma propre expérience, une opération par célioscopie de l’appendicite.

En revanche il serait égoïste de garder pour moi quelques anecdotes croustillantes.

A commencer par l’auscultation qui définira si oui ou non je dois être opérée. Rien qu’au palper, le gastro déclare que c’est sans aucun doute une appendicite. Évidemment si quand on appuie en bas à droite la patiente (donc moi) saute au plafond…il y a peu de place pour le doute. Il me prescrit donc une échographie (bien sûr), un bilan sanguin (d’accord), un ECG (humm ok) et une radio des poumons (…plait-il?). Lors de l’échographie je demande au médecin si ce qu’il voit donne le signal pour l’opération, et il me répond que pas du tout, c’est le palper du gastro qui détermine ça. Mmmm d’accord. Cependant mon appendice est gonflé, et le simple fait qu’il soit visible n’est pas « normal ».


On m’installe dans une chambre le temps d’attendre les résultats du labo. The Chirurgien fait son entrée. Il me récapitule son CV complet, sans oublier les mentions de chacun de ses diplômes, et me tend sa carte, m’invitant à aller visiter son site internet. Wow. The Chirurgien est une star du bistouri. Il m’informe que je serai opérée le lendemain matin. Prix d’une nuit, 60€. Cra-cring! Il procède ensuite à un rapide examen, histoire de connaître mes antécédents, mes allergies, et mon poids. Et là il soulève ma jupe, comme si ce qu’il allait voir dessous allait l’aider à trouver le « juste prix ». Charmant The Chirurgien, pas dragueur pour un sou!


L’hospitalisation commence là, avec la fameuse perf dans la main. On m’apporte une bouteille d’eau, que je n’ai pas le droit de boire. Si comme moi, vous vous grattez le front…dites-vous juste que ça fait ça de plus à facturer.

Et là vous vous demandez pourquoi j’en suis à compter la bouteille d’eau…eh bien parce que je suis vaguement entre deux systèmes d’assurance, ahum! Ça m’a tout de suite fait penser aux pauvres américains qui vendent leur maison pour payer la facture d’hôpital. Et moi qui n’ai même pas de maison à vendre!

L’infirmière se montre excessivement maternelle, pensant peut-être que c’est l’opération qui me stresse. L’opération? Pfff! Le prix de l’opération tu veux dire!! En revanche si elle pouvait arrêter de me traiter comme un poupon en couche-culotte, ça me détendrait. Je fais jeune, mais quand même! En plus je suis sûre qu’elle me doit le respect, côté âge!


L’opération se passe bien. J’ai à peine retiré mon piercing à la langue que l’anesthésiste me fait respirer dans le masque, et m’hypnotise plutôt que de me faire compter. Vous respirez, vous allez dormir. Vous respirez, vous allez dormir. Vous resp……grOOos dodo.

Puis: …eillez-vous!!! Respirez, réveillez-vous!! Respirez!! C’est à peine s’ils ne me mettent pas des baffes. Si je pouvais, je leur répondrais que je veux bien respirer, vraiment, je ne suis pas contre, et ça n’est pas faute d’essayer. A la place je tousse, je m’étouffe, jusqu’à la grande bouffée à pleins poumons. J’ai les paupières lourdes, je referais bien un petit somme. Mais le bonhomme qui a collé son visage à quelques centimètres du mien n’est pas de cet avis. Il veut que je lui parle. Mais je n’ai rien à lui dire moi! Heureusement son assistante me sauve. Elle me tend mon piercing. Ah ben me voilà toute fraîche.


Vingt minutes après avoir été remontée à la chambre, une infirmière me rend visite.

« Aaaaalors, vous allez être opérée par The Chirurgien, ça va bien se passer »…Encore?? C’est à dire que, jusqu’à preuve du contraire, je n’ai qu’un appendice!…Je devais avoir très bonne mine, parce qu’elle a eu du mal à me croire. L’anesthésie me va bien!

L’infirmière-trop-maternelle repasse un peu plus tard: « Est-ce qui vous avi pité? » …Pardon? « Est-ce qui vous avi di gaz? » Ahhhh euh non, pas encore!

Le soir, l’infirmier de nuit passe la tête à ma porte: « Vous rigardi pas li match?? » Si pourquoi pas! A la mi-temps il repasse la tête: « C’y bien li Ghana ci qu’ils font! » Quand il est repassé pour changer ma perf on a partagé notre colère pour ce match volé: « C’y toujours comme ça avic lis africains. Ils diçoivent à la dirnière minute ».


Le lendemain, j’attends impatiemment la visite de The Chirurgien pour obtenir mon billet de sortie. Salut Sandie, ça gaze? Eh oh, on n’a pas élevé les cochons ensemble! Et oui ça gaze très bien merci! Il me palpe le ventre deux secondes, puis annonce, triomphant, que je sortirai lundi. Lundi? Mais on est samedi!! Je lui lance mon regard assassin, celui qui parle à ma place et dit: « euh non docteur, ça ne va pas être possible, change-moi cette date tout de suite avant que je m’énerve ». Il me demande quand je veux sortir, je lui répond aujourd’hui. Il me fait un grand sourire hypocrite, et ses yeux à lui disent « ok, ok, tu as gagné »…Il n’insiste pas, n’invoque aucune raison médicale. En revanche il s’est rabougri! N’ayant pas réussi à me facturer deux nuits supplémentaires, il gribouille son ordonnance, la balance sur le lit et quitte la chambre précipitamment. Je vous rassure, je sais qu’il a fait du bon boulot puisqu’il m’a fait cadeau du DVD de l’opération.


En analysant la facture je m’aperçois qu’ils m’ont compté la clim en extra. Je râle (ça marche), et je les questionne sur le terme AMI x 2. Ils ne me feraient pas payer les visites quand même? Non ils n’ont pas osé, AMI, c’est l’assistance médicale infirmière. Bon d’accord. Il faut bien payer la trop-maternelle.


Du coup, entre ma révolte contre The Chirurgien et ma contestation de la facture, je suis devenue en cinq minutes The Enquiquineuse de l’étage, et l’infirmière m’arrache pratiquement la perf au moment de partir. J’enveloppe ma pauvre main gauche qui a triplé de volume, et je pars la tête haute. Même pas mal! (Enfin si, très mal, mais il faut rester noble! ;-)

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