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Journal de bord #3 : S’habituer aux shifts

Je shifte, tu shiftes . . .

Samedi 11 mai – JOUR 2. 24h qu’on navigue, et c’est l’éclate. On n’a pas ressenti le moindre malaise depuis ces 6 premières heures. Au contraire, l’appétit et la bonne humeur sont au rendez-vous. J’ai fait mes deux premiers shifts, très bien passés. De minuit à 2h, j’étais calée sur le pont. Il y avait peu de vent, donc on faisait marcher le moteur. La nuit était magnifique, éclairée par des centaines d’étoiles d’une clarté époustouflante et des planctons fluorescents au creux des vagues. Je revois des images de Life of Pi, j’essaye d’imaginer le petit point de notre bateau dans l’immensité de cet océan. Ne rien voir à l’horizon n’a rien d’effrayant. Au contraire, c’est exaltant. Ça donne un sentiment de liberté absolue, alors que paradoxalement nous évoluons dans un espace très confiné.

Je n’ai commencé à avoir un peu froid et à me sentir fatiguée qu’à la fin de mon shift. J’ai grignoté un snack avec Ross avant qu’il ne prenne la relève, puis j’ai rempli le log avant d’aller me coucher : on y renseigne la position exacte (latitude 33°27S, longitude 175°19E), la direction (012 à la boussole), la vitesse du bateau, la vitesse du vent, le baromètre et la condition de la mer/taille des vagues (0,5m en ce moment).

Prendre ses marques

J’ai bien dormi, malgré que nous soyons installés dans le mauvais sens de la couchette pour cause de houle. Je manque de place pour étendre mes jambes, mais ça ne m’a empêché d’avoir un sommeil assez réparateur.

Vers 7h on est réveillé par un bruit de verre cassé sur le pont…une tasse de thé qui a valsé entre deux vagues, classique. On se lève pour préparer le petit déjeuner, œufs, saucisses et ananas frais pour tout le monde. Au milieu de mon shift, j’envoie notre position exacte par téléphone satellite à Mike, un représentant de Moorings à Opua (notre port de départ). La mer est calme, le vent aussi pour le moment. On vient tout juste de couper le moteur, on flirte avec les 5 nœuds. Apparemment cet après-midi on attend un vent à 35 nœuds. En anglais ça entre dans la catégorie « gale force ». En français, je n’ai pas trouvé mieux que « vent déchaîné ».

Le soir, on pêche un thon, variété « big-eye » selon Stéphane. Ça faisait un moment qu’il était accroché quand on l’a remarqué. Ross le saigne à la poupe, l’attache par la queue et le laisse traîner dans l’eau. On espère secrètement que ça attire un requin. De toute façon on ne peut pas se baigner alors autant observer un peu les habitants de cet océan! On prend conscience qu’on a été sacrément gâtés pendant nos 6 mois à Kaikoura, à côtoyer les dauphins, les baleines, les orques, les phoques et les albatros.

Pour le dîner, c’est ambiance fiesta sur le Shard. Les Rolling Stones résonnent sur le pont et Darren nous cuisine des lasagnes au four.

L’heure de l’en-cas // Snack time

La position du bateau // Shard’s position

Le pont la nuit // Night deck

Steph assure son quart // Steph’s shift

Ligne victorieuse // Caught a fishy

Océan Pacifique Sud // South Pacific Ocean

 

ENGLISH corner : read Stephane’s contribution


We quickly ease into the rhythm of shifts, cooking and much down time – there is only so much you can do, and only so far you can go on a boat. As in good custom, the dishes are washed with buckets of seawater – preserving the precious fresh water. Moving on clean energy, living on your own power, all in harmony with nature – as well as being at her mercy – is quite an exhilarating feeling.

Being back out on the Pacific, my reveries of catching and eating fresh yellow fin tuna, wahoo or mahi-mahi come back with a vengeance. I will not rest until I catch, kill and eat a fish! By some miracle, around sundown, as the music is blazing and the sun finally sets, I spot one of our lines hauling something in the water – a log or some debris? Pulling it in was easy enough, the poor big eye tuna we’d caught was exhausted. In Micronesia we’d bite the fish’s head and put it out of its misery, some would bring a club to it. Ross simply suggested poring a cap of rum into its gills: “puts it to sleep, just eat when ready.”

The New Zealand coast is all but a distant memory now and our course due north has yet to bring us to a more clement climate. For now, the wind is cold, it pierces and stabs through our wet weather gear, freezing our very thoughts – I anticipate the mast will soon ice up. Ok, this isn’t an expedition to the Antarctic, but Kiwi seas aren’t exactly tropical at this season. The good thing is that from now on, minute-by-minute, at a slow but steady rate of 5 nautical miles an hour, it will only get warmer. Soon I foresee being able to pull my shifts in my boxers.



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