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Flexion et réflexion sur le yoga chaud

Je me souviens précisément de mon premier cours de yoga Bikram. J’ai eu chaud, soif et CHAUD. J’ai cru que j’allais tuer le moniteur, qui me demandait de rester assise en respirant tranquillement alors que j’avais juste envie de rendre mes quatre derniers repas. Je me souviens aussi très bien des courbatures qui ont suivi, dont j’ai bien mis une semaine à me débarrasser.

Cinq ans plus tard, j’en suis à mon troisième studio. Après avoir fréquenté les salles chaudes de Paris et de Montréal, voilà que je déroule mon tapis à Auckland. Seule entorse au régime, l’Inde. Contre toute attente, je ne pouvais suivre un cours dans le pays d’où le yoga est issu! Qu’à cela ne tienne, j’ai remplacé le précieux moniteur par un CD et la salle chaude par une terrasse au soleil.

On s’attendrait à ce qu’après cinq dures années de pratique régulière, je sorte d’un cours de yoga comme après une petite séance de stretching. Ok parfois, c’est le cas. Mais il m’arrive encore de maudire le fol allié qui a inventé cette pratique et pire, la partage: quand j’ai trop mangé, trop bu ou trop peu dormi. Alors, aller au Bikram pour avoir la forme ou avoir la forme pour aller au Bikram? Les deux mon capitaine. D’où le cercle vertueux de ce sport malin qui (au final) fait du bien partout.


Malgré les conseils avisés des experts qui s’évertuent à nous répéter qu’il ne faut penser à rien, voici un extrait de cours et un dialogue intérieur illustrant les différents états d’esprit traversés. Au début, on en voit des vertes et des pas mûres, mais à force de pratiquer, on voit la vie en rose.


Pieds joints, croisez les mains sous le menton. Ouh la, mais c’est qu’il fait chaud! Commencez. Mais qu’est-ce que je fais là? Demi-lune, mains aux pieds. Non mais je peux pas faire ça moi…(soupir)…aïe. Utkatasana, la pose curieuse. Je sens rien, suis trop forte. Je sens rien, suis trop nulle! Relâchez. Ouf! Garurasana, l’aigle. Non vraiment, pourquoi je suis ici déjà? J’ai tellement bien fait de venir!Attrapez le pied pour la pose front au genou.Ah tiens, y’a un muscle là? Dandayamana dhanurasana, l’arc debout. Dis donc, je fracasse ce matin! Je me sens pas très très bien là… Tuladandasana, le bâton en équilibre. Euh, ça fait mal à la hanche ça, c’est normal? 10…9…8…allez on tient!Je crois que je vais m’évanouir. 3…2…1 Déjà? Je commençais tout juste à sentir les bienfaits.Dandayamana Bibhaktapada… Paschimotanasana. Je les connais par coeur. Stop, ça suffit là! Trikanasana, le triangle. Ah, ma pose préférée! Oh mon Dieu…Jambes séparées, front au genou. Oh mon Dieu, bis. Rentrez le menton dans la gorge. Argh, je peux plus respirer… Tadasana, l’arbre. Oh non, pas ça… Étirez-vous, allez on tient une minute. C’est pas une minute ça! Elle sait pas compter ou quoi? Savasana, la pose du cadavre. (ahhhh…) Je vais rester ici, réfléchir un peu…Pavanamuktasana. Mon cœur va lâcher. Bhujangasana, le cobra. Hein? Le co-quoi? Salabasana, le locuste. J’ai chaud. Il fait presque bon aujourd’hui! Poorna Salabhasana, le locuste entier. Tendez les bras, envolez-vous! S’envoler? Mais elle est malade! Je vais vomir…Dhanurasana, l’arc au sol. Argh…aïeeee. Mmm, ça détend.Pose fixe et solide. J’ai soif. Je vais mourir. Prenez une grande inspiration…sit-up! Pousser, pousser, pouuuusser! Ardha-kurmasana, la demie-tortue. Non, ça, c’est la tortuRe, et pas demi! Sit-up. P****de sit-up de m****! Ustrasana, le chameau.Ah, ma deuxième pose préférée! (gémissement, plainte, grognement, grincement). Sasangasana, le lapin. Il reste quinze minutes. Quinze minutes. Quinze minutes. Ardha matsyendrasana, la torsion de la colonne. Arf, ça remue les intérieurs la torsion! Et pour terminer, la respiration de feu. Exxxxxxpiration. Shbleuh!

Bon, ben ça va, c’était pas si terrible (ahum!) J’enchaîne sur un deuxième cours ou je reviens demain matin à 6h?


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