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Les voisins, ces proches si lointains

C’est un thème récurrent chez moi les voisins. Ça va avec ma manie de zoomer et dézoomer mon inspiration. Parfois quand la muse n’est pas au pas de la porte, elle est juste à côté! Faut dire que j’ai été servie en matière de voisinage. Une famille roumaine qui casait douze personnes dans huit mètres carrés et réglait tous les problèmes en chantant (et en tapant du pied), un vieux bougre complètement sourd grâce à qui je me réveillais quotidiennement au son de Télé Matin bien avant mon alarme, les marocains dont la vie est une fête (bruyante, odorante et fenêtre ouverte). Du coup je me suis prise à rêver d’avoir un voisin sympa, qui pourrait presque devenir un pote, quelqu’un à qui je pourrais demander un œuf sans qu’il se sente agressé. Rêve devenu réalité à Montréal, où nous avons eu le super-voisin, celui qui fait des apéros musicaux et des barbecues, celui qui s’assure que vous êtes chez lui quand la soirée va déborder.


Ici, on a découvert une nouvelle manière de voisiner, notamment dû au logement : cinq maisonnettes proprement alignées et toutes conçues pareil. On peut entrer par la porte-fenêtre côté rue, ou la porte arrière côté plage. À Kaikoura, cet ensemble est surnommé le chenil. Ça peut sembler péjoratif (sauf pour ceux qui savent que j’ai été un chien dans une autre vie…), mais en réalité chaque bloc a été entièrement réhabilité, et l’agence qui s’en occupe s’assure de ne prendre que des locataires sérieux pour redorer le blason du quartier (tap tap on the back).

À noter qu’un « locataire sérieux » aux yeux de l’agence ne correspond pas forcément à l’image du voisin conventionnel que vous vous imaginez. Le vieux Sid par exemple est un pêcheur australien au visage buriné, à qui il reste 3 dents à tout casser. Édenté + accent mi-aussie mi-kiwi + shooté à l’alcool à brûler = tu mérites une médaille quand tu as compris un mot. Mais ça ne l’empêchait pas d’être volubile. Un jour, on a troqué un de nos coquillages gravés contre une langouste qu’il venait de pêcher, mais la transaction s’est négociée en langage des signes.

À côté de chez Sid (et non pas du côté de chez Swann), Steve et sa femme tiennent un élevage de papillons. Chenilles et cocons n’ont plus de secrets pour nous. Ils font aussi pousser des plantes de tabac, et grâce à eux on apprend que le parfum des lys tue les poissons rouges. Ils fument chacun deux paquets de cigarettes par jour, mais nous refilent le vin qu’ils ont eu en cadeau à Noël, parce que ça, ils n’y touchent pas plus. Elle maîtrise parfaitement l’art de passer du coq à l’âne et toute conversation digne de ce nom est nécessairement supérieure à une demi-heure. Lui est un expert du salut efficace : systématique, mais rapide, poli donc pas intrusif, l’alter ego de sa femme en somme.

Avant, pendant, après


De l’autre côté, notre jeune voisine a grandi entre Ibiza, l’Inde et l’Angleterre, appelle tout le monde « dear » ou « darling », et combine savamment squat et rumbala (ou rave, selon l’humeur). Au début j’ai cru que ça me taperait sur le système, mais on s’y fait. On partage même nos poubelles, c’est pour dire! On est toujours convié, mais les jeunes juste-un-tout-petit-peu-moins-jeunes que nous sommes passent leur tour de temps en temps. On assume bien, surtout celui qui se lève à quatre heures du matin cinq fois par semaine pour aller voir sauter les dauphins, et accessoirement guider sur le bateau.

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