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Journal de bord #1 : Préparer le bateau pour le grand départ

Dernière mise à jour : 16 déc. 2021

Un bateau pour maison

Je suis arrivée à Opua un samedi sous la pluie, après un bus de nuit. Stéphane me fait monter à bord du Shard, le voilier de 41 pieds qui nous servirait de maison pour les semaines à venir. L’après-midi même, Ross, le capitaine, passe nous chercher pour aller faire les courses pour la traversée. Le départ est prévu pour lundi ou mardi, dépendant de la météo. Dans la voiture de Ross, une bouteille de bière vide cohabite avec une bouteille de Tequila pleine, une semelle, une tong et un maillot reposent sur une serviette humide. À mes pieds, un sachet avec le message « don’t be a clown, wear a life jacket » et un manuel d’utilisation pour je-ne-sais quel appareil. Ross est un homme de peu de paroles. Un marin digne de ce nom, avec la démarche de celui qui préfère la balance de la houle à la stabilité de la terre ferme. Son visage buriné trahit une cinquantaine bien entamée, il a un œil nettement plus petit que l’autre, et quelques cicatrices.

Partout où l’on passe, tout le monde le salue. Certes le port d’Opua est tout petit, mais Ross est connu comme le loup blanc et pour cause, il a la réputation d’être le meilleur fabricant de voiles de la région. Ça nous rassure un peu, parce qu’il faut bien avouer qu’avant d’embarquer pour traverser une partie de l’océan pacifique avec un parfait inconnu, on aimerait pouvoir lui faire un minimum confiance.

Le port d’Opua // Opua harbour
Préparatifs

Au supermarché, on remplit deux énormes caddies. Il faut prévoir 3 repas par jour pour 4 personnes pendant 2 semaines. Ross nous aiguille : « J’ai préparé trois casseroles congelées pour les jours difficiles, mais en dehors de ça, prenez ce que vous voulez. Tiens y’a du café là. Vous buvez du café? »

S&S se regarde, sceptique. Les jours difficiles? On ne préfère pas y penser. Alors que prendre pour se nourrir sur un bateau? Stéphane n’a jamais effectué de traversée et ma dernière expérience date de 1999…on pioche au hasard, lançant des regards interrogateurs à Ross. J’attrape une citrouille. Ross me regarde amusé, Stéphane étonné. « Et pourquoi pas? » Nouveau challenge, cuisiner une citrouille sur un bateau en mouvance.

Le lendemain, on fait la connaissance du second du capitaine, Darren. Carrure puissante, cou épais, beaux traits prononcés et peau hâlée, un vrai kiwi, probablement un peu maori et sûrement rugbyman du dimanche. Ross et lui ont l’air de bien se compléter. Ross est du genre sévère, Darren est aussi adorable que ce qu’il est imposant.

On entame la semaine en préparant Shard, passant en revue les moindres recoins pour se familiariser avec le bateau. Moorings, la compagnie propriétaire du Shard pour laquelle on effectue la livraison, nous fait nettoyer tous les compartiments de la cale pour y stocker des dizaines de palmes, masques et tubas pour ses clients à Tonga.

Chaque jour, le départ est repoussé en attendant la bonne fenêtre météo. On imprime les prévisions des 10 jours à venir pour les étudier. Darren nous explique les schémas. Là où c’est plus foncé, c’est une tempête, au nord de Fidji. Les deux cercles au sud de Tonga sont des précipitations qui se croisent. Rien de bien méchant, à moins qu’elles ne se rencontrent.

S&S échange un regard : « Et si elles se rencontrent? » Darren explique : « ça devient une tempête parfaite, comme dans le film avec Clooney ».

Il balaye l’hypothèse d’un revers de la main : « ça n’arrive pratiquement jamais de se retrouver coincé là-dedans ».

Nous voilà rassurés…


Que faire d’une citrouille? // You sure ’bout the pumpkin?

Que dit la météo ? // Checking the weather forecast

Ross

Darren

Quelques calculs valent bien un GPS! // Who needs a GPS?

On attend les beaux jours pour partir // Waiting for a bright sunny day to launch

 

ENGLISH corner : read Stephane’s contribution

Hurry up and wait


Shard stern // La poupe du bateau

The quest has been long but alas here we are. Opua, New Zeland’s last port of call. My quest was to find a boat, any boat really, as long as it was sailing, and preferably north. My mission in life for the past weeks has been to prepare for this adventure I’ve conjured up for Sandie and I. The purpose is to quench a thirst triggered by living in Micronesia and will take shape by a return to the Pacific Islands by any means possible. The question is not to go somewhere, but diversifying the means to get there. Soon – we hope – we will depart for the Kingdome of Tonga, delivering a 41-foot yacht with a skeleton crew, us. For the past 6 days we have been living aboard this vessel with Sandie prior to launching. This gives us plenty of time to get acquainted with the Shard. We have arranged the food reserves and placed the safety gear and prepped the navigation station. Our skipper Ross and first mate Darren are as eager as us. The launch is scheduled for Monday.

The departure was delayed twice and canceled once, so we left on the following Friday. Under different circumstances this would be of no significance, yet in the sailing world superstition dictates that leaving on a Friday – any Friday – is an omen of bad luck. I am no sailor, but I will respect the ways of the trade. Ross and Darren weren’t superstitious and were as keen as us to set off, so off we went. We casually ignored the fact that the previous boat to have left on a Friday which was a 45-foot catamaran – skippered by Dave, a seasoned sailor, and 3 crewmembers – got hammered. The last they heard from him was “Big… waves…” followed by radio static. They went offline until their arrival in Vava’u Tonga, our destination.

Our preparation included securing the markers used for a man overboard situation, tying up the sail sheet, the jack line for our harnesses, securing the 15 horse power dingy outboard to the back deck, stocking a full tanks worth of spare fuel – 380 liters – engine oil, spare rope and everything and anything we could get our hands on. It dawned on me that once off, this boat and everything on it will be it. Best not to forget anything. To my greatest disappointment we packed up the barbeque, secured the gas bottles and stored a whole heap of extra gear for the Moorings base back in Vava’u. Usually it consists in casks of wine, mayonnaise and such, things that are rare and valuable in the South Pacific, meaning virtually everything. We stocked fins, masks and snorkels instead.

Our delay wasn’t caused by our lack of preparedness, it was trunked days by weather and red tape: first customs, then immigration, then the duty free delivery. And I thought sailing was freedom! But as I have been told, « you can’t sail on a schedule ». The weather window looks ok now, provided the troughs coming from Australia and north from Fiji don’t turn into two low-pressure systems and collide. Darren eloquently dubs this scenario and its results: “a nasty piece of shit,” but confidently demonstrates its unlikeliness. However we do expect a “bumpy ride” a few days into the passage.



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