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Chère Nissa



Ce matin est si jeune qu’on ne sait encore ce qui lui succèdera. Assoupie et attendrie, une tasse de café fumant à la main, je t’observe une dernière fois plongée dans les couleurs de l’aube avant d’entamer une page, un chapitre, ou bien serait-ce un nouveau tome ? Qui suit finalement, puisque qu’hier n’existe plus et demain pas encore ?


Tout début 2020 nous sommes rentrés te saluer, toi et les proches que tu abrites. Et puis le monde a soudainement basculé. 2 semaines se sont transformées en 2 mois, 2 ans.

Tu nous as beaucoup donné. Chez toi nous nous sommes ressourcés, nous avons repris du poil de la bête diraient certains, tété la goutte, diraient d’autres. Nous avons sillonné le revêtement de ta Prom’ en long en large et en travers, à skate, à vélo et à pattes. Nous avons exploré les recoins de tes parcs, franchi les timides remous de ta Méditerranée, bravé les galets de tes plages pour des dizaines de pique-niques.


Ton bleu va me manquer. J’ai décortiqué toute ta palette au fil de mes pérégrinations à vélo et il ne s’est pas passé un jour sans que je me dise que tu es belle, sans être remplie de gratitude de pouvoir profiter de toi. Tu m’as aidé à apprécier les petits bonheurs, à me rappeler que le bonheur n’est rien d’autre qu’un moment, parfois fugace. C’est aussi auprès de toi que j’ai vécu des instants suspendus, plongée dans l’illusion du temps.

Tu m’as fait rencontrer de bien belles personnes, traçant une amitié que la distance ne saurait duper.

Tes levers de soleil n’ont eu de cesse de m’émerveiller. Je les ai admirés, photographiés, médités. Celui d’aujourd’hui est tout particulier, puisque là où nous allons, nous ne verrons plus le soleil se lever sur la mer, nous le verrons se coucher.


C’est confinés que nous avons resserré les liens de notre noyau nucléaire, et c’est ragaillardis que nous repartons à l’aventure.

Te quitter n’est jamais chose aisée, même si tu es ma terre et que ma ténacité trouve ses racines chez toi, même si je sais que te laisser c’est aussi forcément te retrouver un jour. J’entends souvent que nous avons du courage de partir, tout quitter, ce à quoi je réponds souvent que quand c’est devenu un mode de vie, c’est rester qui demande du courage. Si partir est une fuite, je sais néanmoins aujourd’hui que je ne me fuis pas moi-même, et je ne te fuis pas toi non plus.

La suite n’est pas écrite, elle est criblée d’incertitudes, au point où le plan est de ne pas avoir de plan. C’est insécurisant et déstabilisant, mais au moins dans ce chaos, je crois que la vie a assez de place pour creuser son sillon, et je lui fais entièrement confiance pour nous surprendre encore une fois.

Ton printemps précoce n’a pas émoustillé que les oiseaux, mon nez allergique est en prise aux graminées remués par les récentes bourrasques de vent, et je loue cet effort de me pousser dehors gentiment. Alors merci, cher nid, et à bientôt, je sais où te trouver !

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