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Photo du rédacteurSandie Crayne

Au sud du sud, Stewart Island



L’ancre de la Nouvelle-Zélande

Stewart island, alias Rakiura (la terre des ciels lumineux en Maori) est assez symbolique pour nous français, car c’est le point le plus éloigné de notre chère patrie. À cette latitude, si l’on continue vers l’est, on se rapproche par l’ouest. C’est aussi la dernière étape avant l’Antarctique. Plus de 85% de la surface de ce havre de paix est protégée par un parc national. Dans la légende Maori, l’île du Nord est un poisson pêché par Maui (te ika a Maui), l’île du Sud est son canoë (te waka a Maui), et l’île Stewart est l’ancre (te puka o te waka a Maui).


Le paradis des oiseaux fait le bonheur des marcheurs

À 10 minutes en bateau se trouve Ulva Island, un sanctuaire où l’on peut observer et écouter des centaines d’espèces d’oiseaux. Je m’y suis retrouvée un bel après-midi ensoleillé et je n’ai croisé personne pendant 4h. Résultat, la première heure, tout va bien. Concentrée, je « bois » mon environnement, les sens en éveil. La deuxième heure, je commence à parler aux oiseaux (j’aime bien Robin, parce qu’il a déjà un prénom) à leur siffler ce que j’espère être des appels amicaux. À partir de la troisième heure, je n’ai même plus besoin des oiseaux pour communiquer, je parle toute seule. Et là je découvre un centième de millième de ce qu’a pu vivre Robinson, seul sur son île. Comme dirait Stéphane, je n’étais plus toute seule dans ma tête.

Le perroquet kaka, l’albatros à nez jaune et la mésange, ou Ngiru-Ngiru


Parmi la flore remarquable qui jonche les sentiers, on reconnait sur Ulva la plante Puheretaiko (aussi appelée muttonbird scrub), qui possède une surface épaisse et lisse, presque imperméable, et une surface duveteuse, semblable à du papier. Les premiers colons se servaient de ces feuilles comme carte postale et la tradition a perduré jusqu’en 1970 !


Kiwi-cuicui

Le soir même, j’ai enfin l’occasion d’observer un kiwi (enfin UNE kiwi!). À part le bec notablement plus long, ça ressemble quand même beaucoup au weka. Ce n’est pas particulièrement beau, mais c’est très amusant à regarder. Les narines du kiwi sont au bout de son bec. Il le plonge dans le sable pour sentir les insectes, et enfouit complètement sa tête quand il trouve. Du coup on voit remuer un corps et des pattes, sans ailes, sans tête, comme une sorte de mini autruche – gros poulet. Sur les plages de l’île Stewart, le kiwi mange les insectes qui se nourrissent de la pourriture d’algue. Contrairement à la majorité des autres animaux, chez le kiwi, c’est la femelle qui est plus grosse, plus grande, avec un plus long bec.


Le lendemain, je me suis lancée dans une balade le long des côtes et ai expérimenté les fameuses quatre saisons en une journée. Soleil timide, soleil brûlant, nuages d’automne et enfin pluie d’hiver se sont succédé en quelques heures à peine. Le temps d’arriver à Ackers Point, la mer était déchaînée et le ciel en colère. Je suis rentrée trempée de la tête aux pieds, pile à l’heure pour une petite séance au cinéma du coin, qui présentait un film auto-produit expérimental sur l’île Stewart et son histoire.


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