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Embezzzzzzlement

La chaleur s’installe un peu plus de jour en jour, ouvrant la saison de la chasse à l’homme pour mes insectes préférés, les moustiques. En temps normal, tuer un moustique n’est pas chose aisée. Certains sont doués, mais la plupart d’entre nous claquent des mains sans jamais les refermer sur la bestiole, tout en faisant quand même mine de temps en temps de dégager d’une pichenette un cadavre collé sur la paume.


Aussi loin que remontent mes souvenirs, j’ai toujours détesté les moustiques. Je considère qu’il n’y a pas assez de place pour moi et eux sur cette planète. Ils ont longtemps hanté mes nuits d’été. Au premier bourdonnement, aussi faible soit-il, je suis sur le pied de guerre, lumière allumée, oreiller chargé. Parfois la bataille est longue, et je suis obligée de feinter pour les faire sortir de leur cachette. Je me recouche et tends l’oreille, prête à bondir. Je ne ferme pas l’œil tant que mes agresseurs ne sont pas tous exterminés.


En plein jour, ils ont l’avantage et je ne les attrape que très rarement. Sauf ici. J’en achève en moyenne cinq par jour, et je me demande à chaque fois si exhiber la victime pourrait servir d’exemple, mais je n’ai pas encore trouvé leur place publique. Mieux encore, alors que normalement je m’agite pour les éloigner d’un revers de main, ici c’est moi qui les poursuit! Après mûre réflexion, je ne vois qu’une hypothèse plausible, ces moustiques sont des amateurs. Et vu la réputation de l’Inde en matière de diptères, je dirais que l’artillerie lourde n’a pas encore été déployée. Il faut agir avant qu’il ne soit trop tard. Dans la mesure du possible, j’aimerais éviter de revivre le cauchemar des cinquante piqûres par pied expérimenté en Équateur.

Suite à ma requête Maneesha, la coordinatrice de l’école, m’envoie un charpentier pour qu’il m’installe une moustiquaire. Il visse des piliers métalliques aux pieds de mon lit, puis s’en va. Je reste perplexe. Ou est le filet? Je retourne voir Maneesha, qui m’accorde qu’effectivement, avec le filet, ça serait plus efficace. Quelques jours plus tard je suis livrée. A ce stade j’ai déjà commencé à me faire grignoter et l’arrivée du filet est aussi excitante qu’un colis-surprise à la poste.

Ni une ni deux, je pose la moustiquaire. Le résultat est épatant! Les piliers sont grands, si bien que le filet est posé bien haut, ce qui laisse beaucoup d’espace pour respirer et éviter la claustrophobie. En revanche il manque une bonne vingtaine de centimètres pour border la moustiquaire. Un raccourci, une autoroute sans péage pour les moustiques affamés. A moins que les amateurs soient aussi des imbéciles? « Ah mince, la maline, elle a mis un bouclier anti-nous. C’est dommage j’avais faim! ». En tout cas pas question de prendre ce risque avec les professionnels, l’accès doit absolument être bloqué avant le débarquement des mercenaires.



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