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Delhi-cieusement Delhi-rant

15 enfants de 8 ans, 7 heures de bus à l’aller, 7 heures de bus au retour, 2 journées de 12 heures de visite: c’est la recette du cocktail…du russe là…ah oui Molotov, made in Delhi. Le résultat est épuisant mais gratifiant et récompensant!


J’appréhendais un peu le voyage avec la 3ème classe. Je connais les élèves pour les avoir en cours d’écriture créative et théâtre, mais leur niveau d’anglais laisse à désirer pour la plupart et j’étais donc moins proche d’eux que des élèves des 4ème, 5ème et 6ème classes. D’autre part j’avais un peu honte de ne pas avoir encore retenu tous les noms, après plus de deux mois de cours! C’est là que j’ai compris à quoi servaient les 7 heures de bus. C’était probablement calculé pour que j’ai le temps d’apprendre les noms en regardant les cartes d’identité. Vous me prenez pour une demeurée? Ah oui mais pas de Marie ou Jean dans ma classe. Pranav, Sartak, Keshav, Yashvi, Vishwa, Shuaib, Vibhouti, Vivek, Muskan, Gurleen…même les noms des molécules génériques de mon médicament contre la malaria sont plus faciles à retenir.

Mais ces petits monstres sont très attachants, et à quelques exceptions près, ils ont été adorables.


Et le bus…un tape-cul sur roues: type de balançoire qui consiste en une planche équilibrée, articulée par son centre de gravité. Un joueur est assis à chaque extrémité (d’un côté le chauffeur, de l’autre moi) et selon la vitesse et la taille des nids de poule, les joueurs peuvent se faire faire des bonds plus ou moins décollés du siège. Une chance que je ne mesure pas 1m75 parce que j’aurais été assommée au plafond plus d’une fois. En revanche impossible d’éviter d’attérrir sur le siège du voisin, ou la poignée devant mon siège, ou le loquet de fermeture de la fenêtre. Bref. Je n’ai pas eu autant de bleus depuis le temps ou je courais les champs en culotte courte. . Ceci étant dit, je pense qu’en deux jours j’ai vu tout ce qu’il y avait à voir à Delhi! Red Fort, Qutb Minar, Purana Qila, Jantar Mantar (observatoire astronomique) et le centre administratif des jeux du Common Wealth 2010 juste à côté, Dilli Haat, India Gate, Rajpath, le zoo, le musée des poupées, le musée du train, les temples Lotus et Akshardham (une merveille architecturale, certes récente mais époustouflante).

Un de mes plus beaux souvenirs reste l’émerveillement des enfants face aux gadgets de la ville: on leur a fait prendre le métro (qui est, au passage, plus moderne que la ligne 14 parisienne et la ligne orange montréalaise réunies). Certains n’avaient jamais emprunté un escalator, et je me suis donc retrouvée à porter Ananya pour la mettre sur la première marche, tout en tenant la main à Yashvi, qui tremblait jusqu’à ce qu’elle puisse enfin sauter à pied joint sur la terre ferme.

Seule ombre au tableau, les enfants balancent leurs déchets absolument n’importe où, et il est très difficile de leur faire comprendre que ça ne se fait pas puisqu’ils voient leurs parents (et professeurs) le faire! Mais j’ai mené cet incessant et vain combat sans baisser les bras, ne serait-ce que parce que les voir souiller leur pays un peu plus me frustrait tant. Dans le même ordre d’idées, j’ai été complétement révoltée de surprendre une des profs accompagnant en train de taguer un des monuments du Red Fort au stylo rouge, devant (et sûrement pour!) une poignées de gamines pour qui ce geste est devenu en l’espace de 5 minutes acceptable. Sandra et moi avons essayé de la dissuader, même si le mal était fait, mais elle a fait mine de ne pas comprendre. Pratique la barrière de la langue! .

J’ai particulièrement aimé le temple du Lotus, pour le silence et la sérénité qui y règnent, et le Qutb Minar, ou tour de la victoire, un très beau site datant du 13ème siècle où l’on s’est reposé adossés à l’ombre d’un arbre.


Je n’ai pas adoré le zoo, mais je n’aime pas les zoos de manière générale, parce que je ne prends pas grand plaisir à observer les animaux derrière des barreaux. Alors oui, j’ai vu deux tigres blancs, mais j’aurais préféré n’en voir qu’une photo, plutôt que de les regarder creuser des rigoles à force de faire les cent pas dans leur cage.

Pour l’anecdote, Sandra et moi avons toutes les deux été malades le premier jour. J’ai tout de même fait le programme complet des visites, mais littéralement pliée en deux. A chaque pas mon ventre me suppliait d’arrêter et à chaque arrêt il me suppliait de me remettre en route. At some point I asked him to make up his mind, but his mind just answered «piss off». So I did.

Le trajet du retour m’a paru plus long qu’à l’aller, peut-être parce que je venais de dire au revoir à Sandra, qui est partie renouveler son visa au Népal. J’ai quand même réussi à lire une centaine de pages de « The Time Traveler’s Wife », entre deux jeux de mains, grimaces et chansons avec les monstres. Certains peuvent dormir n’importe où et n’importe comment, les indiens en sont un bel exemple; moi je peux lire n’importe où et n’importe comment. Pas de mal des transports, ce qui, pour une baroudeuse en herbe, est une bénédiction.


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