On le dit et on le redit, il faut faire attention aux drogues. Et la première raison, c’est pour éviter de se retrouver en « rehab », parce que CA, c’est pas drôle. (Là, ceux qui suivent le blog et le projet365 sont en panique, se disent que j’essaye d’arrêter de fumer, qu’il serait temps, et depuis combien de temps ça dure, cette cachotterie?!) Non, je ne fume pas, et je confirme, il n’y a pas qu’à la cigarette ou à l’alcool qu’on peut être accro. Moi je suis accro aux voyages, et ma désintox est aussi dure que pour n’importe quelle addiction.
J’ai vu venir les premiers signes en emménageant dans mon nouvel appartement. J’aurais dû sauter de joie à l’idée d’installer (enfin) mes petites affaires, retrouver des secrets au fond des malles et des surprises dans les cartons. Au lieu de quoi j’ai bien failli m’étouffer une fois tout déballé. Trop de trucs. Beaucoup trop. Mais quand ai-je eu besoin de tout ce fatras pour être heureuse?? Dans la vie d’avant, la vie sédentaire, celle où le matérialisme vous gagne et s’agrippe un peu partout tout naturellement. Parce que c’est à ça que sert l’argent qu’on gagne, à améliorer son confort de vie. Parce qu’on se reflète dans son intérieur. Parce que nos « thèques » parlent pour nous: bibliothèque, vidéothèque, photothèque, album-thèque, figurines-thèque, tableau-thèque, planto-thèque, vêtements-thèque (aussi communément appelé dressing). On collectionne des fragments de personnalité. Rien de mal à ça, c’est la nidification, et c’est aussi ça, être bien dans son cocon.
Puis un jour j’ai quitté le nid. Je l’ai détruit même, sans savoir où j’allais atterrir ni quand, mais juste parce que mon organisme interne a perçu comme un changement dans les saisons. Besoin de migrer. J’ai quand même pris soin d’entasser mes brindilles pour un éventuel retour, et je suis partie sans savoir ce que j’allais trouver. Trois ans, un petit paquet d’aventures et six pays plus tard, je retrouve mes brindilles d’antan. Elles n’ont pas changé, c’est moi qui ai changé. J’ai beau me tourner dans tous les sens, impossible de retrouver le confort douillet qu’elles m’ont apporté. Quoi que je fasse les brindilles me piquent les fesses et ne me donnent qu’une envie, repartir.
Samedi , S&S a complété sa carte du monde. Un projet qui nous trottait dans la tête depuis un moment, mais que nous remettions toujours à plus tard. Nous voilà donc avec nos épingles, chacun sa couleur et une couleur commune pour les endroits où nous sommes allés ensemble. Je sens le coup de blues monter avec chaque épingle que j’enfonce dans le carton. Me prend une envie pressante d’aller à l’aéroport. Normal, je suis sevrée depuis quoi, six mois?? Euh non, pour ce qui est de prendre un avion, un et demi, mais c’était un vol national, ça ne compte pas.
Et si on prenait une épingle, qu’on fermait les yeux, et qu’on partait là où elle atterrit sur la carte?
Parce qu’être accro aux voyages ça donne ça. On y pense tous les jours. En me couchant je ne pense pas « il me reste un créneau jeudi dans mon agenda » mais plutôt « je pars quand, et où? » En me levant je ne me demande pas « qu’est-ce que je vais bien pouvoir mettre aujourd’hui » mais plutôt « quels vêtements j’emmène? » Et surtout «je fais quoi du reste???»
Du coup je vends. Sur ebay, sur leboncoin, chez Cash Converters, dans les brocantes. Et ça me soulage! Plus je m’allège plus je m’apaise. Comme ça, si ça me prend, du jour au lendemain, de partir là où l’épingle a atterri sur la carte…
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