« Les otaries sont sous-estimées. Tout le monde vient à Kaikoura voir les baleines, nager avec les dauphins… l’otarie ne semble pas aussi majestueuse. Pourtant c’est un animal attachant et sacrément malin! » dixit Herb, capitaine de Seal Swim depuis 27 ans. Je confirme! Et se jeter à l’eau avec une colonie d’otaries est une expérience royale. Déjà, le contraste entre une otarie sur terre et une otarie en mer est saisissant. Sur terre, c’est l’animal le plus paresseux qu’il soit, après le paresseux lui-même bien entendu. L’otarie passe des heures entières à se dorer la pilule. Quand elle bouge c’est lentement, et de quelques centimètres seulement. Elle ouvre à peine un œil de temps en temps, histoire de vérifier que le monde existe toujours. Dans l’eau, l’otarie est rapide, très rapide. Curieuse, elle passe à droite, à gauche, au-dessus et en-dessous de vous en un rien de temps, à tel point que vous vous retrouvez ficelé dans un nœud d’algues. La plupart du temps, on ne voit que la traînée de bulles qu’elle laisse derrière elle. Soudain elle déboule par en-dessous et vient coller son museau sur votre masque. Le temps que vous le réajustiez, elle est déjà loin. Les otaries sont joueuses. Elles se tournent autour en se montrant les crocs, mâchouillent des algues comme un chien son os. Parfois, les plus âgées font le bouchon. Elles se laissent flotter la queue en l’air et vous observe de leur grands yeux en battant des nageoires. Là où nous avons plongé, à la réserve de Peketa au sud de la péninsule, j’ai pu observer des bébés de tout juste 4 semaines. Ils étaient camouflés dans une crevasse sous un rocher. J’en ai compté 10, mais à ce qu’il parait il y en avait 25. Mignon comment? Mignon genre qu’on en ramènerait bien une demi-douzaine à la maison…mais ça devient vite encombrant (et hors de l’eau, ça poque!)
Il règne un certain mystère autour de la traduction. Ici, on appelle ça « fur seal », autrement dit, phoque à poils (et à poil d’ailleurs). Pourtant c’est bien une otarie, dont la traduction serait plutôt « sea lion ». Petit rappel de la différence entre un phoque et une otarie : le premier n’a pas de pavillon au niveau de l’oreille, et la seconde se redresse sur ses nageoires pectorales, ce qui lui permet de sautiller, alors que le phoque rampe. Pour la petite histoire, l’otarie a été tellement chassée à l’arrivée des colons que l’espèce a failli disparaître de cette côte. Manquant de nourriture, les orques ont appris à aimer les dauphins, qui ne faisaient pourtant pas partie de leur menu. Résultat : en plus d’être une espèce protégée, les otaries n’ont plus de prédateurs, car les orques se sont tellement habitués aux dauphins qu’ils ne touchent plus aux otaries!
Version terrestre : les reines de la glande
Version aquatique : attrape-moi si tu peux
Allo, Tarie ?
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